Ohio Rock'n'Roll Guitare Gjango Reinhardt
Cliquez sur les guitares





Vince Taylor
Vince Taylor
Twenty Flight Rock




Django Reinhartd
Django Reinhardt
J'attendrai




Chuck Berry
Chuck Berry
Dear Dad (Shindig 1965)




James Brown
James Brown
Out of sight



Cigarettes, Whisky, et p'tites Pépées

Mon premier contact sensible à la musique fut le violon à l'âge de 7-8ans.
Mais bien que 1er prix de violon au conservatoire du 14ème à Paris, j'avais mon premier tube dans la tête : "Cigarettes, whisky, et p'tites pépées" d'Annie Cordy, que je chantais à tue-tête dans la classe. Ca commençait bien!


Le grand choc Rock'n Roll

Dans les années 60, ma famille déménage pour venir habiter en banlieue à Ivry s/Seine et là, quelle ne fût pas ma stupeur à la rentrée des classes en 6è! Imaginez, je débarque du 14è arrondissement, avec ma tête "d'enfant de coeur", mon short gris et mes sandalettes, dans une cour d'école où la plus part des "grands" du centre d'apprentissage avaient des pantalons "Pat def", des Jeans rappés, des chaussures pointues, des blousons en cuir noir, et des "meubs" (mobylettes). Du Frank Margerin en chair et en os ! Bien que les vedettes du Rock, en place dans les bacs du Prisunic, soient : Les Chaussettes Noires, Les Chats sauvages, Dany Logan et les Pirates, Dany Boy et ses pénitents, le Caïd c'était Vince Taylor avec son tube : Shakin' all Over.

J'ai vu un jour Eddy Mitchell "sourire" dans une interview où on lui parlait de son époque avec les "Chaussettes noires". Pour moi il n'a rien fait de mieux. Les Chaussettes noires étaient de très bons musiciens, à la hauteur des Américains, mais avec une originalité en plus.

Ecoutez : Je reviendrai bientôt.

« Pas de ça à la maison! » m'avait dit ma mère. Seul le Rock instrumental m'était autorisé. En conséquence, ma discothèque fut très fournie en rock instrumental : The shadows, Les Fantômes, Les Spotnicks. Mais ça me convenait très bien car à cette époque je ne faisais pas attention au chant, j'adorais le son de la guitare électrique. Je rêvais d'une guitare électrique. En plus, le bassiste des Fantômes, Dany Maranne, était le fils du maire d'Ivry s/Seine. Il frimait avec sa "Triumph" devant tous les "Rocky" d'Ivry et leurs "pétrolettes" (Paloma, Flandria)

La bande de la cité

Dans la cité, j'ai 12 ans, je fais connaissance avec Balache (futur guitariste de l'Age d'Or). Alors que moi je n'avais qu'une "banale" guitare avec des cordes en nylon, lui il avait une guitare style Django, avec des cordes en métal, et il connaissait déjà des plans rock. Un jour il m'emmène chez son pote : Christian Prudent, un noir, "un voyou" qui cassait les carreaux du bâtiment avec son ballon de foot, et qui cassait aussi la gueule du gardien de l'immeuble quand il la ramenait un peu trop. On décide de faire un groupe de Rock, avec Christian comme chanteur, Grégoire Wilner à la batterie, Balache et moi aux guitares. On s'appelle: « Chris Blossom et les Paloma ». Comme matos, on avait acheté un micro à 20 balles qu'on branchait sur le poste de radio, et pour la batterie, Wilner tapait sur le saladier en alu de sa mère. Notre répertoire : "Est-ce que tu le sais" et "Quand viens la fin de l'été" des Chats Sauvages".


Ouverture

L'année d'après, en 4ème, je me lie d'amitié avec un dénommé Didier Roussin, passionné de guitare lui aussi, mais à la différence que lui est entré au conservatoire pour apprendre la guitare classique, et en parallèle, il suivait des cours de Flamenco avec un Gitan. Il adorait lui aussi le rock, mais était déjà beaucoup plus ouvert sur le monde musical.
Voici une de ses compositions : A Matelot.
Alors que les "grands" allaient au Golf Drouot, nous on se réunissait tous les jeudis chez Didier pour travailler sur une vaste palette : guitare classique, Django Reinhardt, Georges Brassens. Mais notre grande passion c'était d'aller chaque dimanche au marché aux puces pour écouter les Manouches de St-Ouens au café : La Chope des Puces. Ils jouaient le Jazz Manouche, et certain étaient des descendants de la famille Django Reinhardt.
Un jour, Didier Roussin arrive chez moi avec un disque qui allait définitivement m'orienter musicalement : Roll Over Beethoven chanté par les Beatles. C'est simple, j'ai eu la chair de poule ! On l'a fait tourner toute l'après-midi. Puis quelques jours plus tard il me fait écouter le même titre, mais cette fois-ci c'était l'original chanté par Chuck Berry. Et là j'avais enfin trouvé de quoi "manger", n'étant pas totalement rassasié par le "petit son" des groupes français.
Les "Blousons noirs" d'Ivry, que nous ne fréquentions pas, et qui ne nous aimaient pas non plus d'ailleurs, ils nous traitaient de "snob", et bien ils pouvaient aller se rhabiller, car nous, malgré notre look "Dandy" (Noeud lavallière pour Didier, socquettes blanches pour moi), et bien nous on jouait du Chuck Berry!
C'est comme dans le Rap, il y a les "vrais Rappeurs", ceux qui travaillent les textes et la musique, et il y a les "faux", ceux qui ont juste le "look" et qui s'en servent pour se la jouer Gangsta!
A ce point de ma vie, à part Chuck Berry, je n'avais pas encore eu connaissance des autres pointures Américaines du Rock (Elvis Presley, Eddie Cochran, Gene Vincent, ...) ça ne viendra que 14 ans après, à 25 ans! A la radio on nous nourrissait à la sauce française, et quand tu entendais Les Chaussettes Noires, entre Sheila et Hervé Vilard, c'était déjà pas mal!
Quelques années passent et à 16 ans je me retrouve en pension pour 2 ans. La première année, je pars une semaine à Londres avec des amis de classe, et un jour, pendant que nous marchions dans les rues de Londres, j'entends une musique qui sortait d'une boutique de disque, une musique qui m'a pris aux trippes dès la première seconde. Je n'avais jamais entendu un rythme pareil. Je suis rentré dans la boutique pour demander ce que c'était.
« C'est I Thank You, chanté par Sam and Dave » me dit le vendeur. C'était du Rythm'n Blues. Je l'ai acheté tout de suite. Une fois rentré, je n'ai pas arrêté de l'écouter en boucle, c'était jouissif. Donc il n'y avait pas que le rock qui me prenait les trippes, il y avait aussi la Soul Music.

Le Rythm'n Blues

Après 2 années passées en pension chez ceux qui "croient qu'ils croient" : les curés, je retrouve enfin mes 2 potes: Balache et Christian. Tous deux avaient déjà entamé un travail d'écriture, et avaient déjà un tiroir bien rempli de chansons originales. Mais ils avaient eux aussi découvert le Rythm'n Blues et tous les deux allaient danser dans une boîte, La Bohème, rendez-vous de tous les noirs branchés de l'époque. Un jour ils m'y emmènent. Et là, rien à voir avec les boites "à la mode" des Champs Elysées, dans lesquelles j'allais avec mes collègues de pension, et où se trémoussaient les petits minets "shetland" et les "blousons dorés" du 16ème. A la bohème, c'était de la musique black brut de brut, et ça transpirait la "vraie" Danse sur du "vrai" Rythme. Christian était devenu un expert du Boogaloo, et quand arrivait la série des James Brown, il éclipsait tout le monde, lui au beau milieu de la piste, et tous les autres autours.
C'est ici que j'ai eu le coup de grâce final quand j'ai entendu pour la première fois :
Land Of 1000 Dances, chanté par Wilson Pickett. J'ai compris alors que j'allais devenir un "mauvais blanc" comme me qualifiera beaucoup plus tard un musicien noir.
Et Otis Redding! qui n'est pas si éloigné que ça du Rock tout compte fait, et même que certains Rockers blancs feraient bien de s'inspirer de cette musique pour sonner moins "étriqué". D'ailleurs je crois que c'est ce qu'a fait Elvis.
Quand à Balache, c'était encore autre chose, lui c'était les Rollings Stones et Jimi Hendrix. Faut avouer qu'avec eux d'un côté, et Didier Roussin de l'autre, j'étais bien entouré pour mon éducation musicale. La finition se fera un peu plus tard avec François Finelle, petit nouveau dans la bande, futur bassiste de "Jesse Garon et l'Age d'Or".